Produire pour le secteur du bâtiment

Sainte-Gemme-la-Plaine, dans le sud de la Vendée. C'est ici qu'en 2009, la Cavac a installé sa filiale Biomatériaux. Un investissement initial de 10 M€, réalisé trois ans après la mise en place des premiers hectares de chanvre. « Nous voulions aller au bout de la filière », justifie son directeur, Olivier Joreau. A l'ouverture de l'usine, les adhérents de la Cavac produisent 600 ha de chanvre et 1 000 ha de lin oléique. Cinq ans plus tard, « ce sont 13 000 t de paille qui entrent dans l'usine ». Equipée d'une ligne de défibrage et d'une autre de nappage, Cavac Biomatériaux emploie 30 salariés et devrait générer un chiffre d'affaires de 9 M€ cette année.

1. TROUVER UN ÉQUILIBRE MATIÈRE

Cavac Biomatériaux a misé sur le secteur du bâtiment. « En 2009, ce marché était plus mature que celui de l'automobile ou des composites. » Il était aussi et reste le seul capable d'absorber les trois produits non alimentaires issus du chanvre : la fibre, la paille (ou chènevotte) et les poussières. Cavac Biomatériaux a développé une gamme d'isolants à partir des fibres du chanvre, mais également du lin et de ouate. « Aujourd'hui, notre chaîne de nappage est à l'équilibre », assure Olivier Joreau. Sous la même marque (Biofib), Cavac Biomatériaux vend aussi de la chènevotte utilisée pour fabriquer des bétons, enduits et mortiers. Reste que l'objectif premier est d'atteindre un équilibre matière en sachant que la fibre représente 30 à 35 % du rendement et la paille, environ 50 %. D'où sa présence sur d'autres marchés, ceux du paillage et de la litière « avec des produits très marketés ». Le chanvre « c'était un métier nouveau à la Cavac et pour tout le monde », témoigne Olivier Joreau.

2. S'ENTOURER DE COMPÉTENCES

Au sein du groupe, la filiale Biomatériaux a amené de nouvelles compétences en ingénierie, dans les métiers de la fibre et liées au bâtiment. « Les cinq commerciaux et notre responsable Technique et développement viennent de ce secteur. » Un passage indispensable, en particulier pour maîtriser les certifications propres au bâtiment (Acermi et CFTB), ainsi que la distribution des produits. « Aujourd'hui, nos produits sont présents dans tous les réseaux (Gedimat, Point P, Leroy Merlin GSB, etc.) pointe Olivier Joreau, par ailleurs président de l'Association des industriels de l'isolation végétale. Pour aller plus loin et développer l'utilisation de matériaux biosourcés dans le bâtiment, il faut cependant en passer par une étape réglementaire. » La loi de transition énérgétique et des décrets d'application « incitant à l'utilisation de ces matériaux dans les commandes publiques » sont attendus.

3. CONFORTER L'AMONT

Les adhérents sont en train de semer 1 400 ha soit 45 % de plus que l'an dernier. A cela, « il faudra ajouter 370 ha extérieurs », précise Olivier Joreau. Des surfaces qui correspondent à trois groupes d'agriculteurs accompagnés par la Cavac. Expérience à l'appui, la coop sait que cette plante zéro-phyto n'est pas si simple à cultiver. « Nous avons attendu la fin des années 2000 pour mettre en place un suivi technique pertinent. C'était une erreur et il y a eu des échecs. L'accompagnement technique est nécessaire a minima au moment de l'implantation et du rouissage. » A l'heure actuelle, un technicien a pour mission de suivre les chantiers d'implantation, deux autres, le rouissageet la récolte.

Anne Mabire